vlag van Senegal

JAAR VAN HERINNERING
AAN DE SLAVERNIJ

Geste van schuldbekentenis
van de Afrikaanse Bisschoppen
op het Gorée-eiland

fort d'Estrees. Ile de Gorée


Au large de Dakar, l'île de Gorée est un des principaux points d'où est partie la traite négrière du 15ème au 19ème siècle. Le 5 octobre, une centaine d'évêques africains ont voulu purifier la mémoire de l'homme noir en faisant acte de repentance pour l'esclavage et pour la traite. C'est un geste qui peut surprendre et dont il importe de souligner l'importance.

Conscients que la traite négrière n'a été possible qu'avec la collaboration de beaucoup d'Africains qui chassaient et vendaient leurs frères comme de la marchandise, les évêques ont demandé pardon. Conscients que la traite négrière n'a été possible que grâce au long silence coupable de l'Église, les évêques solidaires de cette Église, ont demandé pardon. Conscients des désirs de vengeance et des sentiments de haine auxquels la traite à donné naissance, les évêques ont demandé pardon.

Ne se limitant pas au passé, les évêques ont évoqué toutes les situations actuelles où des Africains traitent d'autres Africains comme des objets dont ils peuvent se servir pour leur propre avantage, que ce soit dans l'utilisation d'enfants soldats, dans l'exploitation des tensions interethniques, dans la vente de populations entières pour acquérir de l'or, des diamants ou du pétrole, dans la prostitution… bref dans toutes ces situations où l'autre devient un moyen et n'est plus considéré comme une personne et comme un frère. En pensant à toutes ces situations, les évêques ont demandé pardon.
François Richard, M. Afr.,
Supérieur Général

N.B. Le P. Richard était présent à Dakar et à Gorée.



Purification de la mémoire
pour une humanité nouvelle.

Déclaration des Evêques d'Afrique
à propos de l'esclavage.

À tous les fils et filles de l’Église, famille de Dieu qui est en Afrique, à Madagascar et dans les îles adjacentes et à tous les hommes et femmes de bonne volonté. Dans le cadre de la 13e assemblée plénière du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM), nous représentants des Conférences épiscopales régionales et nationales de cet ensemble territorial, sommes venus en pèlerinage ici, à la Maison des Esclaves de Gorée.

L’émotion en ce sanctuaire africain de la douleur noire (Jean-Paul II) est forte et intense, et pour nous chrétiens, elle est expression d’une présence particulière de l’Esprit saint, premier protagoniste de l’histoire et artisan d’un monde nouveau. En nous adressant à vous, nous voulons vous faire partager ce que l’Esprit de Dieu nous fait vivre, en ce jour mémorable, comme grâce en faveur de l’homme noir qui a tant souffert des blessures de l’histoire et qui en est arrivé à un sentiment général d’impuissance.

Dans l’histoire de l’évangélisation de cette pointe avancée du continent, Gorée occupe une place importante. Elle a été comme une porte d’entrée du salut. Mais pour la mémoire collective de l’Afrique, Gorée représente hélas aussi une porte du voyage de non-retour pour tant de fils et filles de ce continent, déportés comme esclaves vers les Amériques et l’Europe. Cet holocauste méconnu a été confessé par le Pape Jean-Paul II en ce lieu historique, le 22 février 1992, comme péché de l’homme contre l’homme, et de l’homme contre Dieu. Sur ce crime énorme, (magnum scelus écrit Pie II en 1462), il a imploré le pardon du Ciel, pour qu’à l’avenir les disciples du Christ ne soient plus jamais les oppresseurs de leurs frères.

de poort naar de slavenschepen: geen terugkeer mogelijk!L’aveu est une grâce de départ nouveau, de conversion pour une nouvelle vie et de purification de la mémoire. C’est pourquoi, nous avons confessé ici, en votre nom à tous, le crime contre l’humanité et la blessure au cœur de Dieu notre Père qu’ont été l’esclavage et la traite négrière. Nous vous invitons à confesser personnellement la part de péché qui est la nôtre dans ce drame, à vous convertir et à vous engager pour une humanité nouvelle.

Le péché contre l’homme noir n’est pas simplement dans le passé. Il est aussi actuel. Nous continuons de le perpétuer sous d’autres formes et dans plusieurs domaines : en vendant et en achetant nos frères et sœurs, en entretenant la haine et la volonté de revanche, en épousant la mentalité de défaite et d’impuissance, le complexe d’infériorité de l’homme noir.
Nous condamnons et vous invitons, surtout vous les dirigeants de nos pays, à condamner les nouvelles formes de traite et d’esclavage que sont la déportation de nos filles pour la prostitution, le tourisme dit sexuel, le commerce d’enfants, l’enrôlement de force de nos enfants et adolescents dans des guerres fratricides, néo-coloniales et de pillage des richesses des sous-sols africains. De même, nous condamnons et invitons à condamner toute forme d’exclusion ethniciste, tribaliste et régionaliste qui mine dangereusement nos sociétés.

Comme le Saint-Père nous y invitait, il y a déjà onze ans, nous demandons de façon particulière à nos Églises, à nos communautés chrétiennes, à maintenir l’effort de la pleine fidélité au commandement de l’amour fraternel légué par le Christ et à dire oui à la grâce qui nous sollicite pour un avenir nouveau. Au tournant historique de Gorée, nous avons la conviction que le Seigneur ressuscité nous appelle à vivre en hommes et femmes nouveaux, à la gloire du Dieu créateur et rédempteur et au bénéfice de l’homme noir ben ik geen mens, en een broeder ?et de tout homme. C’est ainsi que nous apporterons la contribution irremplaçable de l’Église aux bâtisseurs d’un avenir meilleur pour l’Afrique et ses enfants, et pour l’avènement d’un monde plus solidaire et plus juste. Puisse la Vierge Marie, Notre-Dame du Rosaire et Mère des Victoires, nous assister dans cette mission.

Le 5 octobre 2003, à Gorée
Le Président du SCEAM,
Mgr Laurent Monsengwo Pasinya




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